Développer un nouveau circuit de commercialisation demande à l’agriculteur des compétences spécifiques, à la fois techniques, mais aussi organisationnelles ou relationnelles. Mais au-delà de ces nouvelles compétences, c’est bien le métier d’agriculteur qui est remis en question.
Selon l’AFNOR, une compétence est une capacité reconnue et validée à mobiliser et à combiner des ressources (savoirs, savoir-faire, comportements) pour répondre de façon pertinente à une situation professionnelle. Elle est le produit par lequel une personne réalise régulièrement une performance adaptée au contexte.
Selon l’approche de la didactique professionnelle, la compétence s’exprime dans des situations professionnelles (situations de travail) complexes. Elle se caractérise par son opérationnalité (son caractère finalisé), sa contextualité, son caractère composite (la combinaison de ressources pertinentes pour faire face à des situations complexes). Ce sont donc les situations professionnelles qui font l’objet d’investigation pour définir des compétences « situées ».
Un agriculteur souhaitant vendre sa production en Circuits Courts, doit nécessairement développer de nouvelles compétences :
D’un point de vue purement technique, ce qui caractérise le plus le travail de l’agriculteur en Circuits Courts est bien la diversification et l’imbrication des nombreuses tâches et donc la complexification de l’organisation même de ce travail. Dès lors, une approche globale est nécessaire pour aborder la question de la formation et de l’accompagnement sur ces nouvelles compétences.
Grâce à un travail d’enquête auprès d’agriculteurs en circuits courts, le projet MECICO a permis d’établir un recueil de fiches « compétences-expériences » renseignant les principaux savoirs et savoir-faire d’un champ de compétences donné. Ces fiches sont contextualisées et ne résultent pas d’une volonté de normaliser le métier d’agriculteur en Circuits Courts. Elles doivent donc être utilisées à titre d’illustration destinée à un accompagnement de terrain plutôt qu’à un conseil prescriptif.
La complexité de l’agencement des tâches, la diversification des productions et des travaux… amène le métier d’agriculteur en circuits courts à différer du métier d’agriculteur en circuits longs. La mise en place de filières longues a reposé sur la segmentation des produits donc des activités de production, conduisant à la spécialisation pour répondre aux besoins de filières. L’approche du travail de l’agriculteur en circuits longs peut donc se faire plus simplement par techniques séparées les unes des autres du fait de la spécialisation et de la normalisation des activités de production. Ce qui n’est plus vrai lorsque l’on aborde le travail en circuits courts car la nature des tâches s’est diversifiée, complexifiée…
Le métier ne se résume donc pas à ces aspects purement techniques et prescriptifs. Ce qui constitue le métier recoupe aussi d’autres dimensions.
Les circuits courts réinterrogent le métier d’agriculteur – Dominique Paturel. INRA SAD. UMR Innovation
Pour plus de précisions, voir l’article de Dominique Paturel (INRA ; UMR Innovation) et Goulven Le Bahers (FNCIVAM) publié dans Transrural Initiatives.
Selon l’ergonomie de langue française et notamment les travaux d’Y. Clot, quatre dimensions sont entremêlées :
La question du métier et de la formation des agriculteurs aux circuits courts nécessite donc la prise en compte de l’ensemble de ces éléments. Si les aspects techniques doivent être apportés dans une formation, ils ne sont pas suffisants. Il est aussi nécessaire de prendre en compte le projet de l’agriculteur, son environnement… Cette diversification et complexification des tâches ainsi que la nécessité de prendre en compte les différentes dimensions du métier, interrogent également les modalités d’intervention des animateurs auprès des agriculteurs, ainsi que la façon dont ils construisent leurs formations.